De nombreuses femmes enceintes sont envoyées par leur médecin dans des cours de yoga pour gérer le stress et les maux de leur grossesse. Le yoga est souvent envisagé comme inoffensif par le corps médical. Or, la grossesse est une période très particulière dans la vie d’une femme et il est important de ne pas faire « n’importe quoi ». Dans cet article, nous allons nous pencher sur le type de postures à pratiquer et les précautions à prendre afin que la grossesse se passe le mieux possible…

Lorsqu’une femme enceinte souhaite participer à des cours de yoga, deux possibilités s’offrent à elle : soit elle intègre un cours spécialisé pour parturientes, soit elle entre dans un cours non spécialisé où le public est varié. Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix, il est important que chaque femme choisisse ce qui lui convient le mieux, mais il est plus judicieux de travailler accompagnée par un professeur expérimenté afin d’assurer le bon déroulement de la grossesse. Mieux vaut donc éviter les expérimentations seule en suivant les vidéos illustrant des postures de grossesse sans savoir si elles sont bonnes pour soi.

 

L’environnement de la femme enceinte

Il existe différents types de yoga, mais la particularité du yoga pour les femmes enceintes est qu’il est axé sur la respiration, qui va se modifier tout au long de la grossesse. Une part importante sera également accordée aux moments de relaxation et aux pauses pour se connecter à soi. Les types de yoga orientés sur les postures intenses ne seront pas indiqués. Les postures les plus adéquates seront celles qui permettent un renforcement et un assouplissement du périnée, mais aussi une ouverture du bassin (pour éviter une épisiotomie). La régularité dans la pratique sera très importante et l’idéal est de suivre un cours par semaine et deux dans le mois précédant l’accouchement.

Les cours de yoga, qu’ils soient spécialisés ou pas pour les femmes enceintes, doivent permettre à ces dernières de prendre en charge leur grossesse, d’assumer les changements dans leur corps, de se préparer à une naissance harmonieuse et à leur futur rôle de maman. Lorsqu’une femme enceinte sort d’un cours de yoga, elle doit se sentir détendue, sans douleurs particulières ou contractions occasionnées par le cours. Ce sont des preuves de la qualité de l’enseignement dispensé. Il est toutefois important de garder en tête qu’un cours de yoga ne peut pas supprimer les effets néfastes d’une vie déséquilibrée : un rythme de vie trépidant, un repos insuffisant, une alimentation inadéquate ou un environnement affectif toxique ne pourront pas favoriser une grossesse épanouie, malgré la pratique du yoga. Une remise en question de son mode de vie général peut donc s’avérer efficace. N’oublions pas non plus qu’il arrive fréquemment que des blocages psychologiques ou ostéoarticulaires reviennent à la surface avec une grossesse. Il est donc important d’être à l’écoute de son corps dans ce moment de vie.

Dès le début de sa grossesse, une femme enceinte « fabrique » son bébé avec la globalité de son être. Le lien étroit entre le corps et l’esprit est alors particulièrement sollicité par ce que la future mère va vivre durant ses neuf mois de gestation et son accouchement, que ce soit dans le domaine physique ou émotionnel. La femme enceinte vit de profondes transformations psychobiologiques qui se traduisent entre autres par un besoin de sécurité et une vie fantasmatique accrus. Elle a besoin de pouvoir se tourner vers ce qu’il se passe en elle dans la paix et l’harmonie. Tout ce qui va l’en empêcher pourra avoir une incidence sur le déroulement de la grossesse et l’établissement du lien mère – enfant. Tous ces éléments nous montrent à quel point l’environnement est capital pour le bon déroulement d’une grossesse. La pratique du yoga peut grandement aider les femmes à être vigilantes par rapport à cet aspect et à réajuster leur contexte de vie pour vivre leur grossesse le mieux possible.

Les cours de yoga vont permettre aux femmes enceintes de prendre conscience de leur schéma corporel (qui va changer d’une semaine à l’autre) et de rééquilibrer leur système nerveux, ce qui va régulariser la contractilité utérine, mais aussi assouplir les muscles, ligaments et articulations qui subissent le poids du bébé (plus particulièrement au niveau des lombaires). Le yoga permet aussi aux parturientes de prendre conscience de leur respiration, de son évolution au fur et à mesure de la grossesse pour pouvoir agir sur elle et la régulariser, l’amplifier, l’utiliser au quotidien pour mieux vivre la grossesse, mais aussi l’accouchement. Outre le rééquilibrage du système nerveux, le yoga améliorera la circulation sanguine et énergétique afin de soulager les femmes de leur fatigue et de la rétention d’eau éventuelle. Suivre des cours de yoga leur permettra de reprendre confiance en elles et de devenir la future mère consciente et libérée qu’elles veulent être pour leur enfant.

 

Les maux les plus courants

  • Jusqu’au 4e mois

 

Durant cette période, les femmes peuvent a priori pratiquer les postures qu’elles souhaitent, pour autant qu’elles ne soient pas débutantes ou trop perturbées émotionnellement. Les trois ou quatre premiers mois de grossesse sont en effet souvent les plus difficiles, surtout pour les femmes qui ont leur premier enfant. Elles vivent des transformations psychobiologiques importantes : nausées, besoin accru de sommeil, hypersensibilité au stress et aux réflexions de l’entourage, qui contribuent à les fragiliser, leur donnant parfois un sentiment d’incertitude. S’il est difficile pour elles d’accepter leur état de future mère, une insécurité psycho-affective peut être importante.

Si cette période est difficile, la femme aura besoin de postures simples et d’exercices de respiration et de relaxation. Cette période est précieuse pour donner aux débutantes de bonnes bases avant que l’enfant grandissant ne vienne changer le rythme respiratoire de la mère. La pratique sera alors conçue pour un assouplissement et une réunification corps – mental progressifs, permettant à la future mère de mieux se connaître, d’apprécier l’évolution de sa grossesse, puis de s’installer positivement au sein des transformations qui vont s’intensifier à partir du 2e trimestre.

 

  • Entre 5 et 7 mois

Durant cette période, les postures sur le ventre vont être éliminées progressivement, ainsi que les postures de grande fermeture et les postures inversées qui peuvent provoquer des malaises. L’enfant commence à bouger, à participer à la pratique, à indiquer les postures qu’il apprécie ou pas. C’est aussi le moment où la contractilité utérine se précise et appelle une certaine prudence quant aux postures qui sollicitent particulièrement l’utérus.

Un des maux les plus courants est le mal de dos, qui va s’intensifier selon le poids du bébé, le changement du centre de gravité du corps et les changements hormonaux fragilisant la colonne vertébrale et l’équilibre postural : les abdominaux sont distendus vers l’avant et pour vous éviter de tomber dans cette direction, la colonne rectifie ce déséquilibre en se creusant au niveau lombaire. Afin d’éviter cette hyperlordose, pensez à faire la bascule de votre bassin pour ramener votre bébé « vers l’intérieur » et soulager votre dos. Debout, cette bascule s’effectue en faisant tourner vos cuisses vers l’extérieur et en poussant légèrement vos fesses vers l’avant. Prenez l’habitude d’effectuer cette bascule avec une longue expiration en contractant légèrement le périnée (cf. infra). Dans la phase finale, faites travailler les bons abdominaux (notamment le muscle transverse) en serrant doucement le bas du ventre toujours en remontée vers le haut afin de ramener le bébé vers l’intérieur de votre bassin et en direction de votre dos.

 

 

Si vous avez des problèmes de dos, il faut savoir que la majorité d’entre eux proviennent des muscles abdominaux déficients. La plupart des abdominaux en force, tête levée, sont interdits pendant la grossesse car ils peuvent « désangler » votre abdomen et écarter vos muscles grands droits (ce qu’on appelle les fameuses tablettes de chocolat). En revanche, les exercices qui renforcent la sangle abdominale, notamment le muscle transverse, sont très intéressants.

Comment arrêter la pratique des mauvais abdominaux ?

  • Arrêter toutes les postures qui poussent votre ventre en avant et vers le bas, qui le font ressortir en avant.
  • Renforcer toutes les postures qui font rentrer le bas du ventre, qui le remontent et le plaquent contre la colonne (ce travail n’est possible qu’en expirant).
  • Ne jamais soulever votre tête quand vous pratiquez ces postures (cela écarte les grands droits).
  • Dans la vie quotidienne, corriger votre posture en vous grandissant (c’est-à-dire allonger la distance entre le coccyx et le sommet du crâne), surtout lors des efforts de portage de charges et lorsque vous allez à la selle.
  • Pratiquer la bascule du bassin (cf. supra).

Attention, les femmes ayant des muscles et tendons hyperlaxes devront être plus vigilantes car la grossesse favorise l’hyperlaxité et augmente la propension aux entorses.

 

  • À partir du 8e mois

La période à risques est ici dépassée et l’imbibition hormonale est accrue, les postures d’ouverture du bassin peuvent alors s’intensifier pour améliorer la circulation sanguine, assouplir les jambes et le périnée, ouvrir le bassin pour faciliter l’accouchement. Un travail postural plus dynamique sera alors proposé pour inviter la future maman à se mobiliser davantage physiquement et moralement en vue de son accouchement.

 

Les conseils généraux

De manière générale, les femmes enceintes doivent éviter les efforts physiques (principalement avec le ventre et la cambrure du dos) et les tensions émotionnelles pour éviter des contractions ou une descente prématurées du bébé. Le travail respiratoire et la relaxation seront d’une grande aide pour éviter ces cas de figure.

Une séance de yoga peut démarrer dans différentes positions selon le stade de la grossesse, l’état de fatigue ou l’envie du moment. Avant toute posture, on peut commencer par se relaxer durant quelques minutes. La relaxation permet d’évacuer non seulement les tensions physiques, mais aussi le stress et les préoccupations. Avec de l’entraînement, il suffit de quelques minutes pour retrouver son calme, la conscience de son corps et un certain mieux-être.

La relaxation peut démarrer couchée sur le dos avec un coussin sous les genoux pour éviter de ne pas trop cambrer les lombaires. Prenez bien le temps d’étirer la colonne vertébrale comme un élastique à ses 2 extrémités (en d’autres termes éloigner les épaules du bassin) pour effacer les tensions superflues. Votre tête ne doit pas trop partir vers l’arrière. Si c’est le cas, n’hésitez pas à placer un petit coussin de 2-3cm d’épaisseur, non pas sous les cervicales, ce qui accentuerait le creux, mais sous l’occiput (la partie postérieure du crâne).

Si vous ressentez un malaise dans cette position, c’est à cause de la compression des gros vaisseaux par votre bébé. C’est relativement fréquent à partir de la fin du 2e trimestre. Dans ce cas, installez-vous sur le côté gauche et glissez un coussin sous le genou plié pour qu’il n’appuie pas sur le ventre.

 

 

Au début ou à la fin d’une séance de yoga, vous pouvez faire un scan corporel et balayer chaque zone de votre corps pour y amener de la conscience et de la détente. Cette pratique est aussi appelée yoga nidra.

Après ce moment de relaxation, l’idéal est de commencer une séance avec des postures debout pour étirer le dos en poussant le ciel avec le sommet du crâne, menton rentré, omoplates resserrées. Les postures debout réalisées en conscience stabilisent et rééduquent les jambes et les pieds, ouvrent le corps tout entier (le diaphragme est libéré, le bébé a plus de place), le dynamisent et le préparent à la suite du travail postural. Une séance type alterne généralement les postures suivantes : 2 à 3 postures debout, 2 à 3 assises, 2 à 3 à quatre pattes, 2 à 3 sur le dos, puis une relaxation.

Au cours du 2e ou 3e trimestre de la grossesse, surtout en cas de grossesse multiple ou de gros bébé, la position debout peut fatiguer et celle sur le dos se révéler désagréable. Dans ce cas, il vaut mieux commencer par la posture du gros dos du chat (cf. infra). Quelle que soit votre position, vous devez toujours veiller à éloigner vos épaules de votre bassin afin de laisser plus de place dans la sphère abdominale et être moins gênée par la présence du bébé.

Si, lors d’un cours de yoga, une femme enceinte est fatiguée, il lui sera nécessaire d’augmenter la durée des moments de détente et de recentrage. Les exercices effectués dans la précipitation ou selon un seuil de fatigabilité non pris en compte peuvent être néfastes car l’organisme a besoin de fréquents temps de repos entre les exercices pour en permettre l’assimilation et les effets. La pratique du yoga doit s’effectuer de façon consciente, douce et progressive.

 

Quelques exemples de postures intéressantes

  1. Pour se calmer

 

  • Shavâsana

Couchez-vous sur le dos, les bras le long du corps, les paumes des mains vers le ciel, les jambes relâchées, les yeux fermés et les mâchoires desserrées. Dans un premier temps, écoutez simplement votre respiration naturelle. Ensuite, placez vos mains un peu en dessous des clavicules et faites quelques respirations conscientes. Puis faites la même chose en plaçant les mains sur les côtes basses. Enfin, même exercice avec les mains sur le ventre.

Si vous le souhaitez, vous pouvez amplifier votre respiration en sentant les mouvements du souffle dans toutes les zones respiratoires : narines, épaules, poitrine, ventre sur l’inspiration ; ventre, poitrine, épaules, narines sur l’expiration.

Si vous avez mal au dos quand vous êtes en couché dorsal, vous pouvez faire cet exercice en posture assise. Vous pouvez également effectuer cet exercice de respiration consciente couchée sur le dos, les mains croisées derrière la tête, les jambes pliées en tailleur.

 

  • Étirements latéraux

Toujours couchée sur le dos, lorsque vous inspirez, placez votre bras gauche à côté de la tête pendant que vous pointez le pied gauche vers vous. Sur l’expiration, vous ramenez le bras le long du corps et relâchez tout. Faites la même chose avec le côté droit. Puis refaites l’exercice avec les 2 bras placés à côté de la tête et les 2 pieds pointés vers vous sur la prochaine inspiration. Quand vous aurez bien étiré tout le corps, vous ramènerez les 2 bras à côté du ventre sur l’expiration.

 

  • Contractions – décontractions

Toujours dans la position de shavâsana, vous allez contracter très fort tout le haut du corps jusqu’à la taille (dos, épaules, nuque, bras, poings fermés) et en même temps décontracter tout le bas du corps. Puis relâchez votre corps pendant une minute. Ensuite recommencez l’exercice 2 fois. Quand ce sera fait, vous allez faire le contraire et contracter tout le bas du corps (bassin, fessiers, jambes, pieds) pendant que vous détendrez complètement le haut du corps. Vous relâcherez tout le corps pendant une minute et vous recommencerez l’exercice 2 fois.

 

2. Pour préparer le bassin et le périnée

  • Bascule du bassin en couché dorsal

Couchée sur le dos, les jambes pliées, les bras le long du corps, vous allez masser le bas de votre dos : alternativement vous cambrez légèrement les reins, puis les décambrez en basculant le bassin et en plaquant les reins au sol. L’exercice se fait en souplesse et tout le corps participe au mouvement en entraînant même votre tête. Faites l’exercice plusieurs fois, puis détendez-vous.

 

  • Travail sur le périnée (mula bandha)

Vous pouvez pratiquer cet exercice dans toutes les positions (debout, assise ou couchée) dès que vous l’aurez assimilé. Pour commencer, entraînez-vous à le faire en position couchée sur le dos, jambes pliées écartées de la largeur du bassin, pieds à plat au sol. Étirez votre dos en soulevant un peu le bassin et en le tirant vers les talons de façon à allonger la distance bassin – épaules. Détendez vos fessiers et vos abdominaux. Contractez le périnée en expirant doucement (vous allez légèrement contracter le vagin, comme quand vous avez un besoin pressant) et relâchez-le sur l’inspiration.

Pourquoi contracter le périnée sur l’expiration ? Parce qu’il est plus difficile de le faire remonter lorsqu’on inspire car le diaphragme descend pour augmenter la quantité d’air. Lorsque vous expirez, vous videz vos poumons, le diaphragme remonte, ce qui permet une remontée du périnée plus efficace.

Prenez conscience de la solidarité vagin – anus qui se contractent de concert et faites l’exercice en mettant tantôt l’accent sur l’un tantôt sur l’autre, en prenant soin de faire remonter la contraction le plus haut possible. Effectuez cet exercice une dizaine ou une quinzaine de fois tranquillement car si vous allez trop vite, vous risquez de vous cantonner à une contraction plus superficielle et moins efficace. Cet exercice vous préparera à l’accouchement où vous devrez détendre et ouvrir votre périnée le plus possible.

Cela dit, cet exercice peut être pratiqué de manière plus générale pour favoriser une résistance périnéale avant un effort et éviter une poussée ou une hyper pression du périnée et des organes vers le bas. N’hésitez donc pas à pratiquer ce serrage périnéal lorsque vous portez une charge ou lors d’une pression forte telle que la toux, l’éternuement, le fou rire, la course à pied…

En yoga, ce resserrement de l’anus et du vagin est aussi appelé mula bandha. Les bandhas ou « ligatures » en sanskrit sont des contractions exercées à l’intérieur du corps. Ils ferment et resserrent les organes. De plus, ils sont destinés à conserver et utiliser les réserves d’énergie accumulées grâce à la respiration, ce qui est très intéressant pour l’enfant.

 

  • Gros dos du chat

Mettez-vous à 4 pattes, les bras écartés de la largeur des épaules, les jambes de la largeur du bassin, le dos bien plat (ne laissez pas tomber le bassin en arrière), les orteils allongés au sol. En inspirant, levez la tête et creusez le dos, particulièrement au niveau des omoplates. Puis expirez en faisant le gros dos : amenez la tête vers la poitrine, arrondissez le dos, enfoncez les genoux dans le sol, poussez le bas du dos vers le ciel. Faites l’exercice plusieurs fois en veillant à ce que votre respiration accompagne la totalité du mouvement que vous exécutez lentement et sans saccades.

Cette posture est intéressante à pratiquer car elle assouplit au maximum la colonne vertébrale, mais c’est aussi une posture antalgique, surtout lors des 2 derniers mois de grossesse, car elle libère à la fois le dos et le périnée.

 

3. Pour s’étirer et se dynamiser

  • Le palmier

Pour bien étirer votre colonne vertébrale, placez-vous debout et joignez vos mains devant la poitrine. Basculez votre bassin et rentrez légèrement votre menton. Commencez doucement à expirer en serrant le périnée, en montant vos bras à la verticale et en soulevant vos talons. Inspirez en tirant les bras vers le haut et en vous étirant jusqu’au bout des doigts que vous écartez. En expirant, redescendez lentement les talons en même temps que les bras redescendent de chaque côté du corps. Détendez complètement le périnée et respirez quelques fois en douceur avant de recommencer l’exercice.

 

  • La posture du singe

En position debout, placez votre jambe droite devant votre jambe gauche, comme pour faire un grand pas. Les mains jointes devant la poitrine, expirez en serrant votre périnée. Inspirez et pliez votre jambe droite en avant. En expirant, descendez vers l’avant, votre ventre vers votre cuisse droite, puis allongez vos bras en avant, collés contre les oreilles. Inspirez à nouveau. Le corps est en oblique, étiré des doigts au talon gauche, qui peut décoller du sol s’il est parallèle au pied droit. Expirez et relâchez les bras et le périnée. Prenez le temps de vous détendre avant d’effectuer la posture de l’autre côté. Cette posture est très intéressante pour travailler l’équilibre, le renforcement musculaire (dans les chevilles et les lombaires), la concentration et le travail respiratoire.

 

  • La demi-lune

Debout, les jambes bien écartées, mains jointes devant le cœur, basculez votre bassin si vous êtes un peu cambrée. Expirez en resserrant le périnée. Inspirez en ouvrant vos bras à l’horizontale. Expirez en levant votre bras droit vers le ciel et gardez-le contre votre oreille pendant que votre bras gauche descend le long du corps. Penchez-vous vers la gauche. Concentrez-vous sur l’ouverture du côté droit en veillant à ne pas désaxer votre bassin vers la droite ou vers l’avant. Inspirez lentement et ramenez votre bras droit contre le bassin en expirant. Relaxez tout votre corps y compris le périnée. Quand vous avez bien récupéré, faites la posture de l’autre côté.

 

4. Pour se préparer à l’accouchement

  • Ouverture du bassin

Dans la position couchée sur le dos, jambes pliées, pieds à plat au sol, vous saisissez votre genou droit avec votre main droite en ouvrant le coude vers l’extérieur. En inspirant, tirez sur votre genou pour ouvrir largement l’articulation en prenant soin de garder la jambe détendue. En expirant, vous ramenez votre genou en direction de l’aisselle droite en appuyant doucement 2 ou 3 fois sur le genou de façon douce. Faites l’exercice 5 fois de chaque côté.

 

  • Équilibre sur les talons

Pour tonifier les muscles, la circulation sanguine et les articulations des jambes, mais aussi pour assouplir le périnée, vous pouvez effectuer la posture suivante : accroupie, vous ouvrez les jambes le plus possible, tout en essayant de rapprocher les talons et de garder le dos droit, les mains jointes devant le cœur. Essayez de tenir dans la posture 1 ou 2 minutes calmement en trouvant progressivement votre équilibre. Dans un 2e temps, vous pouvez lever les mains jointes au-dessus de la tête et rester quelques instants en respirant calmement. Quand vous aurez terminé, vous vous dégagerez de la posture en allongeant les jambes devant vous. Prenez le temps de les secouer et de les détendre.

 

 

  • Baddha konâsana

Asseyez-vous au sol, le dos bien droit, bien en appui sur les ischions, puis saisissez vos 2 pieds de manière à les amener plante contre plante en ouvrant les genoux que vous relâchez au sol. Pour certaines femmes particulièrement souples (c’est souvent le cas en fin de grossesse), les genoux viennent toucher le sol sans difficulté. Prenez soin de rapprocher les talons du pubis le plus possible et de garder la posture sans arrondir le dos en respirant calmement et consciemment. Tenez la posture quelques minutes en allongeant l’inspiration et l’expiration. Ne forcez jamais.

 

 

  • Pour remonter un fœtus bas et/ou soulager la pression sur les organes (uddiyana bandha)

Uddiyana bandha est appelé « la ligature de l’envol » car le diaphragme va « s’envoler ». Il s’agit de la fameuse fausse inspiration thoracique décrite dans les travaux du Docteur Bernadette De Gasquet : après avoir expiré, il s’agit d’aspirer le diaphragme vers le haut par une « fausse » inspiration, c’est -à-dire sans prendre de l’air. Cet exercice s’effectue surtout chez les femmes dont la profession requiert une position debout une grande partie de la journée. Il peut également soulager la femme si le bébé est un peu bas et comprime les organes avec la pesanteur ou si une gêne abdominale survient à cause de la pression dans le petit bassin (marche rapide, longs trajets en voiture, port de lourdes charges, montée des escaliers, position accroupie, port de vêtements trop serrés, toux, éternuments, vomissements, obligation de crier ou parler fort…).

Allongez-vous tranquillement sur le dos, genoux fléchis de la largeur du bassin, les pieds au sol. Étirez votre dos en rapprochant les fessiers des talons. Placez vos mains sur la taille de chaque côté, sur les parties latérales de votre thorax afin de sentir l’écartement de vos côtes à l’inspiration. Inspirez en ouvrant le haut de votre thorax, puis expirez en gardant vos côtes ouvertes. Cet exercice peut paraître un peu inhabituel, mais maîtrisé, il permet une aspiration de l’abdomen vers le haut. C’est la conséquence de votre blocage volontaire des côtes en ouverture : les poumons, ne pouvant plus entraîner les côtes vers le bas, entraînent à présent dans une belle remontée votre contenu abdominal. Le résultat final est une décompression de vos organes du bassin. En fin d’expiration, faites semblant d’inspirer pour aspirer le haut du diaphragme et l’utérus. Le mouvement ressemble à une inspiration, mais sans absorption de l’air. Votre abdomen se creuse un peu, votre bébé remonte vers le haut et le périnée est libéré, détendu.

Bien maîtrisés, mula bandha et uddiyana bandha vont permettront d’éviter ou de diminuer la rééducation postnatale. Ils sont donc très intéressants à pratiquer chez les femmes enceintes.

 

Conclusion

Vous l’aurez compris, de nombreuses postures de yoga sont bénéfiques pour les femmes enceintes et vous n’en avez ici qu’un aperçu. J’ai pris la liberté de choisir les plus douces et les plus efficaces en fonction des maux les plus courants, mais si vous souffrez de douleurs ciblées qui n’ont pas été évoquées dans cet article, n’hésitez pas à demander des conseils à votre professeure.e de yoga ou à approfondir vos connaissances en lisant les ouvrages cités dans la bibliographique. Ils regorgent de détails intéressants !

Bonne pratique et prenez soin de vous !

 

Séverine Radoux

 

Bibliographie

Colonna-Césari (Christine), Le yoga de la femme enceinte. Naître en liberté, Paris, Editions Médicis, 2003, 159p.

Raoul (Elisabeth), Naissance et yoga, Paris, InterEditions, 2012, 249p.

Pour aller plus loin…

De Gasquet (Bernadette), Bien-être et maternité, Paris, Albin Michel, 2009, 374p.

Mahesh (Shri) et Raoul (Elisabeth), Naître en yoga. Science et tradition, s.l., Editions du Rocher, s. d., 203p.