Le yoga pour enfants propose les mêmes outils que celui destiné aux adultes (postures et respiration), mais avec une approche pédagogique différente, adaptée au stade de développement et aux intérêts des enfants. Petit tour d’horizon non exhaustif[1] de « l’esprit » d’une séance de yoga pour les jeunes…

En Inde, le yoga s’inscrit dans une tradition millénaire, il fait partie intégrante de la culture. En Occident, qu’on le veuille ou non, le yoga est déraciné. Les données sociales, culturelles, économiques sont différentes, ainsi que le mode de vie. L’approche du yoga doit donc s’adapter aux particularités occidentales (Chapelle, 1991)…

Le viniyoga consiste à adapter une pédagogie en tenant compte d’un maximum de paramètres possibles. Généralement, les enfants n’ont pas de problème physique particulier, leur connaissance vague des postures ne leur laisse pas entrevoir tous les bénéfices qu’ils peuvent y trouver. Ils ont tout au plus entendu parler de la détente que peut procurer le yoga. Il s’agit donc de leur proposer une dynamique pédagogique qui leur corresponde, afin que les pratiques les motivent, que les aspects philosophiques, spirituels répondent à leurs questionnements ou leur apportent un éclairage (Chapelle, 1991).

Classiquement, la pratique pour enfants comprend l’apprentissage des postures et l’utilisation de sons pour travailler sur la respiration. Un temps libre est proposé en fin de séance sous forme de moment d’échanges, de lecture d’un conte, d’atelier créatif,… (Dumont, 1991)

 

Les postures

La pratique proposée aux jeunes est une technique d’entraînement (Dumont, 1991). On leur propose de nombreux enchaînements de postures dites srishti. Leur particularité est qu’elles sont très dynamiques, destinées à tonifier, fortifier les muscles, développer le corps dans son ensemble et de façon harmonieuse, augmenter l’agilité et la souplesse, travailler l’endurance. Elles favorisent la prise de conscience du corps et la connaissance (Mace, 1993).

À travers cette expérience, il est important que les enfants prennent conscience qu’ils sont uniques, qu’ils doivent faire leur yoga pour eux, que le regard des autres n’a pas d’importance. En outre, il est important de leur apprendre à respecter leur corps avec leurs capacités, leurs forces, mais aussi à accepter leurs limites. Il est inutile de forcer au risque de se faire mal pour épater les autres ou parce que l’on ne veut pas faire moins bien que son voisin. Il est intéressant d’enseigner très tôt ces préceptes aux enfants : le respect de soi et l’autonomie. Ils sont tout à fait aptes à les comprendre. Ils le prouvent d’ailleurs car il n’y a jamais de moqueries dans les cours lorsqu’un élève rencontre des difficultés dans la réalisation d’une posture (Mace, 1993).

À travers l’apprentissage des âsana, on peut donc voir que sont induits celui d’autres membres de l’astânga yoga : la non violence (ahimsa) dans les yama (conduites relationnelles universelles), mais aussi la discipline (tapas), le contentement (santosha) et la connaissance de soi (svâdhyâya) dans les niyama (lignes de conduites personnelles).

Les postures srishti, c’est aussi aller vers l’inhabituel par la pratique de postures inversées et vers l’extraordinaire par l’étude de certaines postures acrobatiques (plus exigeantes, elles nécessitent une bonne expérience du yoga), comme le paon ou le lotus en élévation (Mace, 1993).

Pratiquer des postures inversées, c’est apprendre à voir la réalité sous un autre angle, s’habituer au changement et s’y trouver à l’aise, ce qui procure une grande capacité d’adaptation. Ces qualités sont d’autant plus nécessaires dans notre société en perpétuel changement. Pratiquer des postures vishesha, c’est-à-dire difficiles et acrobatiques, c’est susciter chez les enfants le goût de l’aventure et de l’exploration, leur donner l’occasion de découvrir que leurs possibilités sont immenses et souvent supérieures à ce qu’ils croyaient. C’est en même temps leur offrir l’opportunité de vaincre leur timidité et leurs peurs, en leur faisant constater qu’ils sont capables de beaucoup. L’inconnu est souvent moins terrible qu’il n’y paraît… (Mace, 1993)

Les postures vishesha encouragent les enfants à tenter l’expérience, à faire face à la difficulté, à l’apprivoiser, ils se lancent ainsi dans une recherche pour arriver au but. Cela implique une mobilisation de tout leur potentiel tant physique que psychique et, quand vient la réussite, c’est un véritable tremplin pour eux vers l’expansion et l’audace maîtrisées. Lorsqu’un enfant parvient à effectuer une posture compliquée qui lui a demandé effort et volonté, son visage s’éclaire de joie et de fierté. Il a vaincu… C’est alors qu’il prend confiance en lui, s’enhardit pour l’avenir, encouragé par les résultats obtenus. Il est prêt pour d’autres explorations et conquêtes… (Mace, 1993)

Répété tout au long de l’année, ce genre d’expérience finit par porter ses fruits. Les plus timides parviennent à s’ouvrir, à communiquer avec plus de facilité. Les hyperactifs, ceux qui ont du mal à se concentrer, à tenir en place, deviennent plus calmes et posés. Ils gagnent en maîtrise de soi car il n’est pas question de réaliser une posture vishesha ou un enchaînement long avec un corps agité ou un esprit inattentif. Le travail répété pour la réalisation de certaines postures plus délicates montre également qu’assiduité, ténacité et persévérance sont les mères du succès (Mace, 1993).

Les séances de yoga pour les enfants contiennent beaucoup d’enchaînements (vinyâsa). Exécuter des postures dynamiques avec un rythme soutenu leur permet de dépenser leur trésor d’énergie, de bouger dans tous les sens (c’est absolument nécessaire pour eux, d’autant plus qu’ils adorent ça) et d’utiliser toute l’agilité dont ils sont capables (Mace, 1993). Les enchaînements proposent une suite logique et sont appréciés par les enfants. Leur mémorisation et exécution correspondent à leur besoin de sécurité et leur désir d’action (Dumont, 1991).

Le travail dynamique des postures entretient la tonicité corporelle. Exécutés sans crainte, les enchaînements concrétisent diverses situations du corps dans l’espace. L’axe principal de ces propositions est l’assouplissement de la colonne vertébrale et la correction d’une mauvaise position (dos voûté, reins trop cambrés, nuque tendue, épaules contractées) (Dumont, 1991). Les enfants doivent sentir la différence entre ce qui est et ce qui devrait être (Mace, 1993).

La pratique des enchaînements (les jeux aussi) permet de développer l’attention, la concentration et la mémorisation. Ainsi, l’enfant découvre très vite que la dispersion mentale et l’inattention son négatives. Il est très important d’être présent à ce qu’il fait pour réussir. C’est au professeur d’attirer l’attention sur ces points en suscitant le dialogue, les remarques et en montrant que ces qualités exigées pour le travail postural sont source d’efficacité et de réussite dans la vie (Mace, 1993). Travailler avec des enchaînements a donc un sens, puisque cela permet de développer les 5e et 6e membres de l’astânga yoga : le retrait des organes sensoriels (pratyâhâra) et la concentration (dhâranâ).

Outre le fait que le yoga permet à l’enfant de développer son attention, sa concentration et sa mémorisation, les enchaînements laissent une certaine initiative pour passer d’une posture à l’autre. Par exemple, pour passer du chien tête en bas au bâton à 4 appuis, les enfants prennent différentes voies quand on ne leur impose pas des cas de figures particuliers. Il ne faut pas craindre de leur demander de rechercher toutes les façons possibles d’y arriver. Cela leur donne le goût et le sens de la curiosité et de l’exploration, qu’ils possèdent déjà en eux spontanément. Cette façon de procéder stimule leur intérêt pour le cours. Une comparaison peut s’en suivre où chacun montre aux autres ce qu’il a choisi… (Mace, 1993)

Les enfants apprécient le changement et la diversité, il faudra donc veiller à ne pas installer de lassitude, à sortir des sentiers battus. Cependant, changer trop souvent les postures dans les séances ne permettra pas aux jeunes d’approfondir leur pratique et de progresser. Le professeur devra donc établir un subtil dosage entre renouvellement et continuité pour une progression de qualité (Mace, 1993). Il pourra aussi leur proposer des séances à thème (sur le son, l’équilibre, une posture-clé,…) (Mace, 1993) et des postures statiques qui mobilisent la conscience toute entière dans une situation inhabituelle (Dumont, 1991).

 

La respiration

Faut-il parler de respiration aux enfants ? Les avis sont partagés. Sur le plan physique, les enfants sentent assez rapidement qu’effectuer une flexion intense comme uttânâsâna rend l’inspiration malaisée quand l’expiration vient naturellement (Mace, 1993).

Il n’est bien sûr pas question d’inonder les enfants de toutes les notions respiratoires, mais ils font très vite certaines constatations par eux-mêmes si l’on attire leur attention sur le sujet. Expliquer que tout mouvement du corps allant dans le sens de l’ouverture suscite l’inspiration et que tout mouvement dans le sens de la fermeture facilite l’expiration ne leur pose aucun problème d’assimilation. Ils le comprennent très bien (Mace, 1993).

On peut également s’intéresser au souffle lors d’un repos en shavâsana (posture couchée sur le dos). Après l’enchaînement final par exemple, les enfants sont très réceptifs à une petite détente physique. Elle ne doit pas nécessairement être utilisée systématiquement, mais elle peut s’avérer nécessaire quand les enfants sont fatigués, nerveux ou instables (par exemple, avant les vacances scolaires ou après un enchaînement). Quand ils sont couchés sur le dos, le professeur peut leur proposer de se détendre et de profiter de cet instant de repos pour les inviter à observer leur respiration, le va-et-vient du souffle, les battements du cœur, ainsi que toutes les pulsations qu’ils peuvent ressentir dans les différents endroits du corps (poignet, cou, tempes,…) (Mace, 1993).

Les moments de relaxation sont brefs et toujours induits par l’intensité de l’effort qui vient d’être fourni. Le repos est un besoin réel à ce moment-là. Il n’est pas utile de guider la relaxation, elle se fait. En revanche, le mental étant disponible, les préoccupations, les rêves,… risquent de s’y précipiter. Pour éviter cette situation, il est intéressant de proposer une direction à l’attention pour inviter l’enfant à être présent à soi-même (Moors, 1995).

Il n’est pas nécessaire d’insister sur l’observation permanente du souffle pendant cette petite détente, inutile de la rendre fastidieuse. Ce n’est qu’une occasion parmi d’autres pour susciter une prise de conscience (Mace, 1993).

Dans une séance de yoga avec les enfants, le travail du souffle s’effectue essentiellement à travers le son, le chant ou la récitation. L’usage de la voix permet de régulariser la respiration et d’apporter la détente (Mace, 1993).

L’utilisation du son favorise différents états de conscience. Le dosage des paramètres (hauteur, intensité, durée) induit une activité mentale plus ou moins vive. C’est un outil privilégié pour favoriser l’union et la concentration du jeune et du groupe (Dumont, 1991).

Au début, les sons proposés sont simples, apaisants, tous émis sur le même ton, tenus pendant 2 ou 3 temps et répétés un à un. Exemple : A – O – I – OU – AI. La progression intervient dans plusieurs directions, par exemple (Moors, 1995) :

  • Sur la complexité du son à répéter : A – PA – PAR – PRA
  • Sur le nombre de sons à répéter : A

A – O

A – O – I

A – O – I – OU

  • Sur le changement dans la disposition des sons : A – O – OU

O – A – OU

OU – O – A

  • Sur les variations de longueur (1, 2 ou 3 temps) qui amènent des changements de rythme
  • Sur les variations de hauteur qui amènent des changements de mélodie
  • Sur les variations d’intensité de la voix : fort, moyen, faible

On classe généralement les sons en 3 catégories : ceux qui demandent peu d’efforts et qui induisent l’apaisement (ex. : A – O – OU) ; ceux qui demandent un peu plus d’efforts et ont un effet positif sur la concentration, l’éveil et le désir d’agir (ex. : RA – RO – RAM – NAM) ; ceux qui font appel à un effort plus important encore, qui sont très dynamisants et supports de l’effort dans les postures (ex. : HA – HO – HAM – TCHAM – BHA) (Moors, 1995).

Le passage d’une position à la suivante se fait naturellement sur la phase respiratoire correcte grâce à l’utilisation des sons, sans qu’il soit nécessaire de donner la moindre indication concernant la respiration. Les mouvements de fermeture se font en chantant, donc en expirant, ce qui place automatiquement les mouvements d’ouverture sur l’inspiration (Moors, 1995).

Entraîner les enfants à émettre des sons sur l’expiration, soit en pratiquant des postures, soit tout simplement assis le dos bien droit, permet de travailler la qualité du souffle. Des poumons bien vidés induisent une meilleure inspiration qui, elle-même, entraîne à son tour une expiration plus complète (Mace, 1993). La récitation chantée entraîne le souffle, l’allonge, canalise les énergies disparates qui cherchent à s’exprimer (hyperactivité, agressivité, besoin de faire du bruit,…), donne un rythme et apporte un support appréciable à l’effort. En fin de séance, elle fait office de prânâyâma (exercice respiratoire), détend l’enfant tout en l’obligeant à garder sa vigilance (Moors, 1995).

L’utilisation de la voix a également des effets physiques. Grâce à l’approfondissement respiratoire induit par le chant, les échanges gazeux sont stimulés, ce qui entraîne une meilleure oxygénation du cerveau et des autres organes vitaux, l’évacuation du gaz carbonique est plus complète. En fait, c’est toute la nutrition et la purification cellulaire qui se trouve améliorée (Moors, 1995).

Le chant apaise également certains sentiments négatifs tels que la colère, la peur, la frustration, la honte,… Il en réveille d’autres, plus positifs : la joie, la détente, l’affirmation de soi, la créativité, la fierté, l’audace (Moors, 1995).

Avec les enfants, on peut jouer à « qui fera le son le plus long ? ». L’approche ludique leur montre que l’on respire souvent bien en dessous de ses capacités respiratoires. Au professeur d’en profiter pour expliquer en quelques mots tout l’intérêt et les bienfaits d’une bonne respiration. On enseigne ainsi à être conscient de son corps mais aussi du souffle car l’un ne va pas sans l’autre en yoga (Mace, 1993).

Avec les enfants asthmatiques, on ne peut pas passer à côté de la respiration. Il est capital de leur apprendre à observer, à sentir très vite en eux les premiers signes d’une dégradation respiratoire. Comme ils ont une cage thoracique très raide, ils tirent beaucoup de bienfaits du yoga en apprenant à devenir conscients de leur corps, à l’écouter. La pratique de mouvements appropriés, souvent très simples, assouplit progressivement la cage thoracique et la répétition de sons permet à l’enfant asthmatique de travailler l’expiration de façon naturelle et décontractée (Mace, 1993).

 

Le temps libre en fin de séance

Ce moment propose un espace libre où les dons naturels des jeunes peuvent s’épanouir et ce, avec une grande simplicité de moyens (Dumont, 1991). Un des objectifs du temps libre est de traduire le vécu du corps à l’aide de différents moyens d’expression : le langage, le dessin, l’écriture, la lecture. Une autre finalité consiste à mobiliser des aptitudes mentales telles que la mémoire visuelle et auditive, la connaissance du schéma corporel, l’orientation spatiale et parfois la créativité (Moors, 1995).

Voici quelques exemples : les enfants sont amenés à se souvenir du plus long enchaînement de la séance qui vient de se terminer (par exemple, 4 positions). Au sol, les chiffres 1 à 4 sont inscrits l’un à la suite de l’autre. Quatre volontaires se placent chacun dans la position qui correspond au chiffre qui leur est attribué et restent sans bouger pendant qu’un autre enfant trace les flèches indiquant le déroulement de l’enchaînement et son retour. Une variante : certains enfants dessinent l’enchaînement au tableau. Un autre exemple : les postures d’un ou plusieurs enchaînements sont dessinées sur des cartons séparés et mélangés. Les enfants doivent alors retrouver l’ordre de l’enchaînement (Moors, 1995).

 

La relation prof-élève (Mace, 1993)

La relation entre l’élève et le professeur est primordiale pour la réussite d’un cours. Elle doit être d’une grande authenticité. C’est aussi l’apprentissage du respect mutuel dans lequel il faut utiliser un subtil dosage de fermeté et de douceur. En effet, sans un peu d’autorité, on court le risque d’avoir des problèmes de discipline avec certains élèves. Un seul perturbateur suffit à communiquer son agitation aux autres. C’est alors que le professeur doit se montrer assez psychologue pour tenter de comprendre le comportement de l’enfant et trouver une solution constructive.

Cela nécessite beaucoup d’attention, d’écoute et d’amour. Pour enseigner aux enfants, il faut les aimer, c’est la condition sine qua non. Mais cela signifie aussi ne pas laisser faire n’importe quoi. Une certaine autorité est nécessaire. Il y a toujours une explication au comportement de l’enfant. C’est l’enseignant qui doit se montrer patient, savoir observer, être à l’écoute de l’enfant pour interpréter les messages.

Il ne faut pas hésiter à communiquer avec les parents afin d’être au courant d’éventuels problèmes familiaux, de connaître le contexte dans lequel l’enfant évolue, cela donne toujours l’explication de certaines attitudes ou modifications du comportement.

Autre point important : l’enfant vient-il au yoga de lui-même ou est-il encouragé (ou obligé) par ses parents ? Dans ce dernier cas, il peut être intéressant de proposer une séance d’essai. « Viens te joindre à nous et tu verras si ça te plaît ». Ils participent ainsi au choix des parents, mais librement. Il est important de veiller à ce que les jeunes aient réellement envie de faire du yoga et de ne pas les forcer pour qu’ils répondent à la demande des parents…

Enfin, il est nécessaire, lorsqu’on travaille avec des enfants, d’être gai et dynamique, d’avoir la capacité de s’émerveiller, d’avoir une spontanéité proche de la leur. C’est tout ce qui crée l’ambiance du cours et en fait un moment privilégié auquel on tient, un rendez-vous à ne pas manquer.

 

La dimension ludique (Dumont, 1991)

Le jeu est l’outil privilégié de la pratique du yoga avec les enfants. C’est un moyen appartenant typiquement à l’enfance dont le principal intérêt réside dans sa fonction de passerelle entre le réel et l’inconscient. Par lui se reproduisent les expériences, s’élaborent les stratégies et s’harmonisent les conflits. Il élargit l’accès au monde, permet de découvrir de nouveaux domaines d’actions et d’expressions. Il touche la sensibilité et offre à l’intelligence un champ d’expansion.

Voici une liste non exhaustive de catégories de jeux qui peuvent être utilisés :

  • Jeux de perception avec le nez, les yeux, les oreilles, le toucher, ils stimulent la capacité de discrimination et affinent les sens.
  • Jeux d’observation avec le corps, une posture ayant le nom d’un animal ou d’un minéral pour unir le mental à la réalité présente.
  • Jeux de mémoire avec des comptines, des instruments de musique ou des suites mélodiques ou rythmiques. La rétention numérique est à la base de tout apprentissage.
  • Jeux de mimes avec les yeux, les mains et le cœur. L’expression gestuelle se déploie et transmet la subtilité des émotions.
  • Jeux de réflexion (reconnaître le vrai du faux, trouver la solution pour dépasser l’obstacle,…) pour développer le bon sens du quotidien.
  • Jeux de souffle avec des bulles, des bougies, des ballons, des plumes, des pailles. L’expiration est stimulée.
  • Jeux de massage (le visage, les pieds, les mains,…) qui développent l’intuition et le sentiment d’harmonie.
  • Jeux d’équilibre avec des cubes, des boîtes, des plats,… pour défier la loi de la pesanteur.
  • Jeux de communication (questions-réponses, diffusion d’un message,…) où la circulation de l’information rejoint la joie d’être ensemble.

À ces quelques idées s’ajoutent les inventions de l’enfant, sa participation créative, tout ce qu’il aime partager avec les amis.

 

Conclusion

Le yoga pour enfants est donc une discipline très riche qui ne se limite pas qu’au plan physique. Le travail postural, le contenu des cours, la communication avec le professeur et le groupe aident les enfants à grandir, mûrir, accéder à l’autonomie et la responsabilité. C’est tout un travail de recherche au cours duquel on va essayer de lui donner l’envie de faire quelque chose de sa vie (Mace, 1993).

Le but du yoga pour enfants est de favoriser, stimuler, développer toutes les richesses latentes de l’enfant. C’est une école de la vie où des êtres en devenir apprennent à se connaître, trouver leur place, devenir autonomes et conscients. C’est une occasion d’apporter une autre dimension à leur évolution et de construire des bases solides pour un bon départ dans la vie (Mace, 1993).

Dans le cours de yoga, les enfants apprennent également à communiquer, s’entraider, partager leurs expériences et prendre confiance en eux. Ainsi, quand un enchaînement commence à être mémorisé, on peut mettre les enfants par deux et leur demander de travailler ensemble. L’un pratique tandis que l’autre observe, corrige, aide si la mémorisation fait défaut, montre éventuellement que telle posture nécessite une correction. Cet exercice donne à l’enfant qui corrige une certaine importance : il joue le rôle de professeur et se sent grandi, utile. Les plus timides finissent toujours par assumer leur rôle. Le travail favorise en même temps l’attention, l’écoute de l’autre et le sens de l’observation qui s’aiguise avec le temps. Chacun sait également que la critique apportée est constructive, il s’agit d’aider sans imposer (Mace, 1993).

L’intervention auprès d’un jeune doit être pensée, évaluée et systématiquement ajustée. Le mental enfantin est peu marqué par les conditionnements qui nous entourent. Sa perception de la réalité est plus facilement pleine, entière, véritable (Dumont, 1991). Le yoga permet aux enfants d’entretenir leur capacité naturelle à exprimer leurs impressions, leur authenticité et à être à l’écoute du moment présent. Il développe ainsi sa créativité et une plus grande connaissance de soi (Mace, 1993).

La notion de svatantra (tout est en toi, il suffit d’y accéder) peut résumer à elle seule le but du yoga pour l’enfant : lui révéler ce qu’il est, lui faire découvrir tout ce qu’il peut faire. Le srishti yoga est un nimitta, un catalyseur qui déclenche tout un processus d’évolution, une transformation chez l’enfant, parce qu’il possède en lui un formidable potentiel qui n’attend que l’occasion de se développer (Mace, 1993).

En ce sens, le professeur de yoga est un révélateur. Il n’est pas uniquement un technicien de postures, mais un homme, une femme, désireux d’apporter aux autres, convaincu des bienfaits du yoga dans l’évolution d’un être humain (Mace, 1993). Il offre son écoute et reconnaît le meilleur en chacun de ses élèves. Il leur apprend à se tenir debout, dressé solidement sur les deux pieds, capable d’avancer dans le monde (Dumont, 1991).

Séverine Radoux

 

Bibliographie

Articles ayant servi pour la synthèse

Chapelle (Philippe), « Un yoga pour les jeunes ». Dans : Viniyoga, Liège, n° 29, mars 1991, pp. 7-9

Dumont (Marie-Claire), « Être un jeune yogin ». Dans : Viniyoga, Liège, n° 25, mars 1990, pp. 5-10

Dumont (Marie-Claire), « L’enseignement du yoga aux enfants ». Dans : Viniyoga, Liège, n° 29, mars 1991, pp. 22-26

Mace (Chantal), « Yoga pour enfants ». Dans : Viniyoga, Liège, n° 38, juin 1993, pp. 3-13

Moors (Simone), « Yoga pour enfants en difficulté ». Dans : Viniyoga, Liège, n° 46, juin 1995, pp. 8-25

 

Ouvrage conseillé

Desikachar (Kausthub), Le yoga des jeunes, Palaiseau : Âgamât, « Pédagogies », 2001, 156p.

 

[1] Cet écrit est une synthèse de plusieurs articles. Afin d’éviter de surcharger inutilement la mise en page avec des guillemets, les sources sont mentionnées systématiquement entre parenthèses. Leur référence complète se trouve dans la bibliographie à la fin de ce document.

[2] Mace (Chantal), « Yoga pour enfants ». Dans : Viniyoga, Liège, n° 38, juin 1993, p. 4

[3] Moors (Simone), « Yoga pour enfants en difficulté ». Dans : Viniyoga, Liège, n° 46, juin 1995, p. 21

[4] Moors (Simone), Ibid., p. 20