D’habitude, je m’attache à publier des articles informatifs sur ce blog, mais aujourd’hui, j’interviens plus personnellement pour vous faire part d’une inquiétude face à une dérive qui s’accentue dans le monde du yoga. Je vois de plus en plus de personnes non qualifiées qui s’autoproclament professeurs de yoga et ce manque d’éthique m’interpelle et m’inquiète car une solide formation est nécessaire pour donner des cours adaptés aux besoins et soucis de santé de chaque élève, mais aussi est surtout pour éviter de provoquer des douleurs si certaines postures sont mal pratiquées.

Savez-vous que la pratique hebdomadaire ou quotidienne de certaines postures peut provoquer des douleurs chroniques irréversibles à long terme ? Beaucoup de personnes ont tendance à croire que le yoga est doux et qu’il ne peut faire de mal à personne, mais ce n’est pas le cas.

Ce que je conseille vivement à toutes celles et ceux qui souhaitent suivre des cours de yoga, c’est de demander quelle formation a suivie le professeur chez qui ils ou elles souhaitent demander un accompagnement. C’est votre droit de demander cette information et une transparence totale me semble essentielle quant aux limites du champ de compétences du professeur. Par exemple, il peut refuser de donner des cours à des femmes enceintes ou des personnes handicapées, faute d’une formation spécifique.

Pour vous donner une idée précise, pour être un professeur reconnu par la Fédération Belge de Yoga, l’Union Européenne de Yoga et l’Adeps, il faut suivre au moins une formation de 500 heures qui s’étale sur 4 ans et qui porte sur la philosophie du yoga, l’étude des textes de référence, les différentes techniques (postures, pranayama et méditation), la didactique, la méthodologie des séances, l’anatomie et la physiologie appliquées au yoga.

Certains pratiquants s’autoproclament parfois professeurs de yoga après avoir pratiqué la discipline durant 2-3 ans ou après avoir suivi une formation intensive de 3 semaines en Inde car les cours de yoga peuvent donner l’impression que les postures sont toujours les mêmes dans le même ordre et que donner ce type de cours n’est pas compliqué, mais cet enseignement cache une forêt de connaissances et d’expériences disponibles en cas de besoin. Par ailleurs, l’enseignant doit avoir accompli un cheminement personnel de longue haleine et de qualité pour pouvoir accueillir les pratiquants sur leur chemin avec bienveillance, humilité et éthique (par exemple, en ne leur conseillant pas de faire ce qu’il ferait à la place de l’autre lorsqu’il entre dans la confidence de certains soucis personnels ou de santé).

Pour ma part, quand j’ai terminé ma formation, je ne me sentais pas assez outillée afin de donner directement des cours. J’ai donc suivi une post-formation de 3 ans, ainsi que d’autres formations complémentaires (en yin yoga et yoga pour le dos). J’ai également lu plusieurs ouvrages supplémentaires (en anatomie, en philosophie…) et je continue à approfondir mes connaissances.

La formation de professeur de yoga n’est pas protégée, ce qui fait que toute personne peut se déclarer professeur sans être arrêtée, mais je trouve que c’est une très mauvaise idée de donner des cours sans une formation de fond solide et ce n’est pas une question de peur face à la concurrence. Pour ma part, je suis toujours ravie de réorienter des personnes désireuses de suivre des cours spécifiques (femmes enceintes ou enfants) vers des chouettes collègues qui ont toute ma confiance et des compétences que je ne possède pas. Nous nous complétons, c’est ça qui est beau et intéressant.

J’espère que mes quelques réflexions feront écho en vous, vous permettront d’y voir plus clair et de donner du sens là où il se délite.

N’hésitez pas à me contacter personnellement si vous souhaitez que je vous recommande des collègues compétents et pourquoi pas une formation professionnelle de qualité pour avoir la chance de devenir vous-mêmes professeurs de yoga.

Je vous souhaite un beau chemin,

Séverine